Jardin de givre
Voyager, admirer la nature et s'exprimer.
Jardin de givre
Voyager, admirer la nature et s'exprimer.
Une chose apprise au cours de nos pérégrinations est qu’en milieu côtier, l’océan engouffre tout. Allant du plus petit objet comme un hameçon abandonné par un pêcheur dont la ligne s’est brisée jusqu’aux immenses structures qui caractérisent le paysage tel que les grèves qui s’érodent toujours un peu plus chaque jour sous l’action incessante des vagues.
Ce phénomène peut engendrer une beauté aux multiples facettes. Les galets que l’on trouve sur les plages de la mer des Caraïbes le représentent à merveille. Ces petits morceaux de notre planète ont débuté leur long voyage en se séparant de la croute terrestre. Les courants et les forces de l’eau les ont ensuite façonnés au fil des générations, glissant et frottant entre leur congénère minérale, subissant le cumul des forces physiques pour enfin devenir luisant et aussi polie qu’une perle.
Ramenée par la marée, leur aventure prend fin dans le creux de notre paume. Chacun de ces galets présente un aspect unique, une série d’aspérité qui garde les traces de son cheminement à travers le reflux des eaux. Des veines et des sillons qui se croisent selon un ordre échappant à la logique, des fissures abritant d’infimes cristaux ou encore un mélange de couleurs suivant l’amalgame des minéraux reflétant chacun une longueur d’onde différente.
Ainsi, en levant un galet vers le soleil, on perçoit tous ces détails et on assimile le temps à travers les rides minérales ancestrales. Le souvenir de la terre est imprimé dans leur surface polie.
Le phénomène de l’océan qui avale tout peut aussi se révéler moins poétique. C’est le cas de la quantité toujours plus désolante de déchets qu’il recrache sur les côtes. Certaines plages que l’on croise en sont si pleines que l’on aperçoit à peine le sable.
La mer ramène pour nous aider à nous rappeler.
Cette leçon vient à nous quand nous constatons les épaves du consumérisme sur les grèves du Bélize. Les guidons de vélo rouillé, les pneus couverts de balanes, les emballages de plastique voisinant les cadavres d’oiseaux marins. L’horreur de la machine à argent nous saute aux yeux et la misanthropie pointe son nez.
Il est ironique de penser que l’humain est probablement la seule espèce qui se dégoute elle-même. Est-ce l’un des aléas de la conscience; de constater sa propre déchéance. Peut-être est-ce aussi une variable qui influence la sélection naturelle? Une espèce qui surabonde et dépasse la capacité de support d’un milieu ne devrait-elle pas avoir un incitatif à arrêter de se reproduire?
En voyant cela, il est facile de se sentir renversé par la démesure de l’empreinte humaine sur l’environnement et de finir chaviré par l’écoanxiété. Heureusement, la relativisation est là pour nous sauver. « Rome ne sait pas faite en un jour » ou plutôt « L’acceptation de l’humain comme une partie intégrante de la nature ne s’est pas faite en un jour… »
07/11/2022